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rookie78
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Turbine à impact - Théorie Empty Turbine à impact - Théorie

Ven 8 Sep - 13:49
Salut,

Lors de mon passage en Bretagne chez l’ami Philippe, Yves avait amené une turbine prêtée par JMC Vapeur pour que nous puissions un peu « jouer avec », la découvrir, la comparer aux autres turbines actuellement en test chez Yves, la « WADA » et celle dite du « CNRS »…

J’ai été favorablement surpris par les premiers essais et la simplicité de la conception : C’est une turbine à entrée tangentielle, pale droite, encore dite « à impact » . Beaucoup plus simple qu’une turbine dite « De Laval » avec entrée latérale et tuyère supersonique. Par principe je me méfie toujours un peu des trucs sophistiqués du monde réel que l’on a beaucoup de mal à reproduire en modélisme car trop de facteurs ne peuvent être mis à l’échelle.

J’ai donc décidé de regarder ce type de turbine d’un peu plus près pour essayer de bien comprendre la théorie derrière la chose et les facteurs devant guider la réalisation d’une telle turbine. D’où cette petite série de posts….

La théorie des jets est un domaine de la mécanique des fluides assez complexe quand on fouille un peu ! Mais pas d’inquiétude, on va faire au plus simple !

• Principe :
Le principe de base est donné sur l’image ci-dessous :

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Le « jet principal » frappe la paroi et génère une zone d’impact où s’effectue le transfert d’énergie. Le jet s’écrase et s’évacue le long de l’obstacle via les « jets de paroi ». Le phénomène principal est exactement comme celui d’un marteau frappant une tête de clou. Ou d’une boule de billard frappant une autre boule et lui transmettant tout ou partie de son énergie selon l’habileté du joueur.

Quelques remarques :
- Les jets travaillent à la pression atmosphérique. L’énergie contenue dans la vapeur sous forme de pression est convertie en énergie cinétique au niveau de la tuyère ou de la buse.
- L’énergie est concentrée au centre du jet et devient nulle à l’interface avec l’atmosphère.

• Force d’impact :
Le cas d’une pale plate montée sur un rotor et frappée par un jet est donc simple à représenter :

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Le calcul de la force « F » exercée par le jet fait appel à la notion de « quantité de mouvement » et dans un système fermé (c’est à dire qui ne subit l’influence d’aucune force externe) il y a conservation de cette quantité de mouvement. Je vous fais grâce de la démonstration ! Le résultat est très simple :

F= Qm x (Vj – Vp) + Somme((Qmparoi x Vparoi) x (1-Sinus (a)))

Avec :
- Qm : débit massique du jet (kg/s)
- Vj  : Vitesse du jet (m/s)
- Vp : Vitesse linéaire de la pale (m/s)
- Qmparoi : débit massique des jets de paroi
- Vparoi : Vitesse des jets de paroi (m/s)
- a : angle entre la paroi et la direction du déplacement de la pale.
- F : Force exercée (N)

Et dans notre cas où toutes les « Vparoi » sont perpendiculaires au déplacement de la pale, donc angle a = 90° et sinus(a) =1,  c’est encore plus simple :

F= Qm x (Vj – Vp)

- La surface de la pale n’intervient pas dans la relation. Il suffit qu’elle soit supérieure à la surface de la zone d’impact.
- Seul le jet principal contribue au mouvement de la pale. Les jets de paroi étant perpendiculaires au sens du mouvement du rotor ont une contribution nulle (en négligeant les forces de frottement).
- Les effets secondaires des jets de paroi 1 & 2 s’annulent. Donc pas d’efforts transversaux sur le rotor. Il subsistera un effort radial dû au jet de paroi 3.

Note : Récupérer une partie de l’énergie des jets de paroi est possible et se fait dans les turbines de type « Pelton » ou les pales planes sont remplacée par des augets hémisphériques :

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• Le couple :
Le calcul du couple généré par l’impact sur la pale est tout aussi simple :
C = F x R avec R la distance entre l’axe de rotation et le centre de la zone d’impact. Et en développant la formule :

C  =  (R x Qm x Vjet) – (R x Qm x Vpale)

Dans un montage donné, avec un régime stable en pression, Qm et Vjet sont constants et bien sûr R ne varie pas. La formule du couple en fonction de la vitesse linéaire de la pale est donc du type :
C = K – K x Vpale. Avec « K » une constante dépendant de la géométrie de la turbine.
C’est à dire une droite :

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Comme on pouvait le deviner intuitivement, le couple est maximum au démarrage lorsque la vitesse de la pale est nulle et donc l’intensité de l’impact est maximum, et décroit linéairement lorsque la vitesse de la pale augmente. Lorsque la vitesse linéaire de la pale est la même que la vitesse du jet, il n’y a plus d’effet d’impact et le couple est nul.

• La puissance :
La puissance P délivrée par un système en rotation est :

P = Vang x C avec Vang la vitesse angulaire de rotation et C le couple.

La vitesse de rotation, Vang, est liée à la vitesse linéaire Vp de la pale par la relation :
Vang = Vpale/R
Et donc :
P = (Vpale/R) x (K – KxVpale)
R et K étant des constantes pour un montage donné avec un régime stable en pression, la formule est de la forme :

P = K1x Vpale – K1x (Vpale)² avec K1 une constante dépendant de la géométrie de la turbine.

Et on peut la représenter :

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Note : Attention à la confusion sémantique fréquente entre couple et puissance…

De nouveau quelques remarques :
- Au démarrage lorsque la vitesse de rotation est nulle, la puissance est nulle. Mais le couple est maximum, c’est à dire que l’accélération du système sera maximum.
- Lorsque la vitesse de la pale atteint la vitesse du jet, le couple est nul et donc la puissance délivrée est nulle. Il n’y a plus d’accélération, on est à la vitesse maximum.
- Moins intuitif, quelques soient les paramètres du jet et de la turbine, le maximum de la puissance délivrée sera toujours atteint lorsque la vitesse de la pale est égale à la moitié de la vitesse du jet. C’est à cette vitesse de rotation que le rendement de la turbine sera le meilleur.

On peut vérifier ce comportement avec une petite manip sur l’ établi :

- Turbine arrêtée, on pince très légèrement l’ axe entre deux doigts et on ouvre l’arrivée de l’ air ou vapeur. La turbine ne démarre pas.
- On arrête le pincement : la turbine accélère et atteint très vite son régime maximum.
- On pince de nouveau l’axe entre deux doigts et de plus en plus fort. La turbine ralentie légèrement mais continue à tourner. On s’approche du point max de la courbe de puissance.
- Lorsque le pincement atteint une valeur élevée, la turbine va commencer à ralentir très vite et même si vous relâchez progressivement le pincement, elle continue à ralentir. On est en dessous de la vitesse correspondant au max de puissance.

• Consommation de vapeur :
Avec un moteur de type « pilon », la consommation de vapeur est directement liée à la vitesse de rotation et à la cylindrée : A chaque tour, il faut emplir le volume de cylindrée. Moteur bloqué, la consommation est nulle et à pleine vitesse la consommation est maximale.
Avec une turbine ce n’est plus du tout le cas. La consommation est constante quelle que soit la vitesse de rotation ! Turbine bloquée, la conso est la même qu’avec la turbine à plein régime !
La consommation est fixée par la pression en amont et le diamètre de l’injecteur. D’où l’importance de la faire fonctionner à son meilleur rendement pour tirer le maximum de puissance du jet de vapeur avec la consommation minimum.
La mise en adéquation de la pression, du diamètre de l’injecteur et de l’hélice (couple résistant) sera sans doute le truc le plus difficile à faire dans nos montages

• Conclusion :
On peut déjà noter un certain nombre de points à retenir lors du dessin d’une turbine de ce type :
- La surface de la pale n’intervient pas dans les équations. On aura donc intérêt à la minimiser pour éviter de créer des effets de « frein aérodynamique ».
- Le jet et la pale travaille à la pression atmosphérique. Il n’y aura aucune raison de créer une enveloppe au plus près des pales. Bien au contraire, il faudra laisser un espace suffisant pour que les jets de paroi puissent se développer et s’évacuer sans perturber le jet principal d’impact.
- Pour éviter que les pales évoluent dans une soupe épaisse de vapeur condensée il faudra évacuer la vapeur usée au plus près de la pale active et de la manière la plus efficace possible.
- Il n’y a pas d’efforts transversaux sur l’axe.

Voilà pour aujourd’hui… la suite dans quelques temps après une escapade dans le Jura…


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Ven 8 Sep - 17:00
Hello,
Voilà une bonne approche sur la théorie des turbines ! Quelques remarques sur ce qui est dit plus haut :

- surface des pales : Il est évident quelle doit être la plus faible possible et limitée à la zone d'impact du jet de vapeur, sinon la surface qui n'est pas utilisée va brasser de l'air et dépenser de l'énergie en pure perte.

- Tuyère simplement convergente ou tuyère convergente/divergente : Si l'utilisation d'une tuyère simplement convergente reste la solution la plus simple à fabriquer, le jet est nettement très dispersé et loin de frapper la pale à 90° dans son ensemble. Sur la forme du jet, la tuyère convergente/divergente est nettement plus efficace car toutes les particules d'eau frappent la pale rigoureusement à 90°.
Dans l'image ci-dessous on voit nettement la dispersion du jet sortant d'une tuyère simple convergente. Seules les particules d'eau située au centre du jet peuvent frapper la pale à 90°
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Dans l'image ci-après il est clair que le jet sortant d'une tuyère convergente/divergente est extrêmement directif et que toutes les particules d'eau peuvent frapper une pale plate rigoureusement à 90°.
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D'autre part, puisque nous sommes dans un cas de figure où l'on privilégie l'énergie cinétique, la vitesse de sortie de la vapeur d'une tuyère simple convergente reste pratiquement constante aux alentours de 450/460 m/seconde quelle que soit la pression d'entrée à la tuyère. Avec une tuyère convergente/divergente la vitesse de sortie augmente si la pression à l'entrée de la tuyère augmente également.
- "Aucune raison de créer une enveloppe" : L'enveloppe reste nécessaire pour éviter que l'ensemble du rotor se comporte comme un ventilateur. Il faut simplement créer deux ouvertures pour laisser la vapeur s'échapper des deux côtés de la pale. Kbio nous a fait une brillante démonstration de la nécessité de mettre une enveloppe autour du rotor. Sa turbine "CNRS" est montée en tours dès qu'il a mis une simple tôle tenue à la main autour de son rotor.
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Ven 8 Sep - 17:12
Salut JPA,

Content de voir que tu es en accord avec mes conclusions... Je n' ai pas du raconter trop de bêtises...

Tu vas plus vite que ma musique... On en viendra aux tuyères... Plus tard...


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Ven 8 Sep - 18:10
Turbine à impact - Théorie 2205502948
Le béret est de rigueur ce soir !!!!!
Pas évident au départ mais intéressant à lire ce petit exposé. On apprend quelque chose mème sans trop rentrer dans les équations.
Ca ne doit donc pas être trop compliqué de construire une turbine un tant soi peu efficace sans s'emberlificoter le bourrichon .
A voir ensuite si on fait une coque longue avec hélice ou un fer à repasser en fibre avec turbo jet ???
A voir aussi la chaudière idoine et légère à construire.
L'hiver va être long , studieux mais passionnant !

En attendant , ce soir va être éreintant sur le plan nerveux & cardiaque !
La bière au frais et l'espoir chevillé au corps, une fois n'est pas coutume :
-"ALLEZ LES BLEUS !"
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Ven 8 Sep - 19:18
Bonjour,
Voila un sujet parfaitement traité. Le niveau de théorie rigoureuse et celui de vulgarisation s'équilibrent pour nous apporter un éclairage et des connaissances très utiles à notre niveau de modélistes.
Bravo et merci !
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Sam 23 Sep - 18:14
Salut,

L’étude continue avec quelques réflexions sur la forme des pales et la géométrie globale de la turbine.

• Comme mentionné dans le post précédent, le jet de vapeur n’est pas un joli cylindre, mais un cône de diffusion. Il paraît donc naturel d’adapter la forme de la pale pour que le jet frappe la pale aussi perpendiculairement que possible en tout point. Facile à réaliser sur la largeur de la pale, il suffit de l’incurver. Quasi impossible à faire par des moyens traditionnels sur la hauteur. Voilà ce que ça donne :

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Le rayon « R » dépendra de la distance de la sortie de l’injecteur à la pale.
On note un petit bénéfice supplémentaire : Les jets de paroi étant légèrement déviés en sens inverse de la rotation, ils contribueront un poil au mouvement.

- On pourrait imaginer accentuer cette contribution en les déviant davantage vers « l’arrière » :

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Avec R1< R. A utiliser quand même avec modération ! On travaille dans de petits espaces, et il ne faut pas que les jets de paroi viennent perturber le jet principal.

• Pour pouvoir faire tourner la turbine dans les deux sens, avec les mêmes performances, à l’aide de deux injecteurs et d’une vanne à 3 voies, il faut que les deux faces des pales soient identiques.
- Dans le cas d’ un rayon « R » raisonnable ça ne devrait pas poser de problèmes. Voilà ce que ça donne :

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L’épaisseur « e » reste raisonnable. L’usinage de ces profils sur fraiseuse numérique équipée d’un plateau diviseur devrait être assez simple à réaliser.

- Avec un rayon « R1 » nettement plus petit, l’épaisseur « e » devient trop importante et il devient difficile de garantir un espace suffisant à l’échappement des jets de paroi et au passage des fraises d’usinage. Dans ce cas, il faut oublier le fonctionnement identique dans les deux sens et privilégier la marche « avant ». Le dessin des pales sera alors de ce type :

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Simple à tailler, mais je ne suis pas trop convaincu du gain d’efficacité résultant du retournement des jets de paroi.
Je pense préférable de privilégier la première solution…

• La solution avec les deux faces identiques permet d’envisager deux montages différents des injecteurs et des échappements sur une même turbine.
- Les échappements doivent être au plus près de l’injection, dès que le jet a fini son travail. Idéalement ils devraient permettent une sortie de chaque côté de la roue. Pas simple à réaliser à moins de ne pas avoir de flasques… Mais pas très sexy en fonctionnement d’avoir la turbine noyée dans un nuage de vapeur !
Un compromis qui me semble acceptable est d’avoir une sortie généreusement dimensionnée positionnée en symétrie de l’injecteur. L’énergie cinétique devrait aider à l’évacuation de la vapeur.
- En étant un peu « sioux » au dessin et en jouant avec des adaptateurs qui vont bien, on doit pouvoir avoir au choix un montage permettant une inversion de marche ou un montage permettant de doubler la puissance. Un schéma de principe :

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On commence à avoir une bonne idée de la géométrie générale de la turbine et de toutes les contraintes à prendre en compte lors du dessin final…

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Mar 26 Sep - 13:43
Salut,

Bon, après avoir « épluché » la géométrie de la turbine et pour compléter cette petite étude, on va entrer dans le vif du sujet ! Un peu plus « hard » … Il faut essayer de produire quelques chiffres pour en comprendre le fonctionnement.
Je ne cherche pas une précision absolue, mais plutôt des ordres grandeur et une compréhension du comportement de la turbine lorsque l’on fait varier quelques paramètres. Donc on va essayer d’éviter les trucs trop complexes…

Une fois la turbine construite, il n’y a vraiment que deux choses sur lesquelles nous pouvons jouer :
- Le diamètre de l’orifice d‘ injection (et le type de tuyère… On en reparlera)
- La pression d’injection (pression chaudière)

Dans le premier post nous avions défini des formules de base que nous allons utiliser et la méthodologie (simple…) du calcul sera la suivante :
- Déterminer le débit massique en fonction de la pression et du Ø de l’orifice
- En déduire le débit volumique
- Calculer la vitesse du jet
- En déduire la vitesse de rotation
- Calculer le couple exercé
- Calculer la puissance.
- Calculer le rendement

Le calcul sera fait au rendement max de la turbine, c’est à dire lorsque la vitesse linéaire de la pale est la moitié de la vitesse du jet. Autrement dit, lorsque la puissance résistante est égale à la puissance développée par la turbine à cette vitesse. Le cas idéal…
On suppose la turbine équipée d’une tuyère uniquement convergente. Alors on y va…

• Le calcul du débit massique serait du genre très tordu côté formules… Heureusement, j’ai trouvé un calculateur en ligne qui donne le résultat en fonction de la pression et du Ø du trou. C’est pour un simple trou dans une paroi ou le bout d’un petit tube. Même pas une tuyère simplement convergente. Devrait quand même donner une bonne idée de ce qui se passe…
L’adresse du site pour le calculateur :

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J’ai donc fait tourner ce calculateur pour une pression absolue variant de 3 à 7b et 3 diamètres d’orifice.
Pour infos, les valeurs du débit du sont converties en gr/mn, unités usuelles dans les calculs de chaudière.

• L’étape suivante est de convertir le débit massique en débit volumique. La formule est super simple : Débit volumique = Débit massique/ Masse volumique.
Les tables « Vapeur » donnent la masse volumique en fonction de la pression. Là, on tombe sur un « os » (un gros…). Quelle masse volumique utiliser ? Celle en amont de l’orifice (Pchaudière) ou celle en aval (Patmosphérique) ? Les phénomènes physiques à l’instant de la création du jet, là où se fixe la vitesse avec conversion de l’énergie « pression » en énergie « cinétique » sont horriblement complexes !! Formation de tourbillons, de fronts de pression, etc… Après avoir ingéré une douzaine de thèses sur le sujet (et un tube d’aspirine !!) et visionner des tests très sophistiqués avec caméra super rapide, flux chargé en particules magnétiques, ultrasons, etc… Je ne suis guère plus avancé pour vous donner une réponse précise et documentée. Tout ce que j’ai pu en retenir, c’est qu’il semblerait qu’à l’instant magique de formation du jet, il s’établirait une masse volumique moyenne égale à environ 70% de la masse volumique en amont. Valeur certainement sujette à erreurs mais je n’ai rien de mieux.
C’est ce coefficient que j’ai utilisé pour calculer ce que j’ai appelé « Masse Vol. Corr ».

• Ayant le débit volumique, on calcule la vitesse du jet. Ce sera tout bêtement la longueur d’un cylindre de diamètre égal à celui de l’orifice et ayant un volume égal au débit volumique par seconde.

• Le reste des calculs s’appuie sur les formules de base : Vitesse de la pale pour avoir la puissance max, calcul de la force motrice, calcul du couple, calcul de la puissance. Pour l’exemple j’ai fixé le diamètre de la roue à 60mm.

• On peut définir un rendement intrinsèque de la turbine, c’est à dire sa capacité à extraire l’énergie contenue dans la vapeur sous forme de température et pression et à la convertir en énergie mécanique. Il suffit de déterminer la différence l’enthalpie de la vapeur en entrée et en sortie (tables vapeur/diagramme de Mollier) et de la comparer à l’énergie mécanique produite. Le résultat est dans la ligne « Rendement Turbine » (Ne prends pas en compte les pertes mécaniques en particulier du réducteur).

Tous ces calculs sont résumés dans le tableau Excel et le graphique ci-dessous :

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• Analyse :
Je rappelle que tout ceci ne s’applique qu’à une turbine équipée d’une tuyère simplement convergente et de plus ne tient pas compte des frottements variés et divers (ni mécaniques ni de type aérofrein) .

- Première constatation très importante, la vitesse du jet est grosso-modo une constante ! Elle reste la même quelle que soit la pression et quel que soit le diamètre de l’orifice. Elle est comprise entre 400 et 430m/s d’après mon modèle de calcul. La littérature donne plutôt une valeur de 450 à 460m/s. Pas si mal finalement considérant la simplicité du modèle utilisé, le fait qu’il soit basé sur un simple orifice et non sur une tuyère convergente et les incertitudes sur le calcul de la masse volumique ! Donne confiance dans le reste des résultats.

- La variation de puissance est purement liée au débit vapeur qui lui varie avec la pression. Pour reprendre la comparaison du début avec un marteau, à vitesse de frappe égale, un « gros » marteau enfonce le clou plus vite qu’un marteau « léger ». Mais ce n’est pas très efficace : Un doublement de la pression passant de 3 à 6 bars mano ne résulte qu’en une augmentation de la puissance de 40%. Et ça coûte très cher en vapeur, une augmentation de 60% du débit.

- A titre de comparaison, un moteur pilon classique de 5cc a une puissance théorique d’environ 16w à 1 000trs/mn et sous 3b mano. Dans le tableau on voit que l’on obtient facilement une puissance équivalente avec un orifice de 1mm ou 0,8mm. On est bien au-delà avec un orifice de 2mm.

- Mais c’est au prix d’une consommation vapeur élevée. Le moteur pilon de 5cc cité en référence exigeait environ un débit vapeur de 8gr/mn. Même avec un orifice de 0,8mm il faudra au minimum doubler ce débit pour obtenir la même puissance avec notre turbine…
Avec une chaudière classique, on atteindra vite des dimensions très importantes…

- La vitesse de rotation optimum ne dépend au final que du diamètre de la roue, la vitesse tangentielle étant constante (1/2 vitesse du jet à Pmax). Avec l’exemple pris d’une roue de Ø60mm elle est d’environ 65 000trs/mn. Cela impliquera une forte réduction en sortie (minimum 1/50) créant ainsi une source importante de pertes par frottements. Design et construction du réducteur à soigner. Bien sûr, si nous ne sommes pas au régime optimum, puissance résistante par exemple plus élevée que puissance optimum, la vitesse ne sera plus constante.

- Le rendement est compris disons entre 30& 20% il se compare favorablement à celui d’un moteur classique.
On retrouve la traduction des remarques précédentes : Pour augmenter la puissance, mieux vaut jouer avec le débit qu’avec la pression. Par exemple, si l’on souhaite obtenir 18W, il est plus intéressant de travailler à 3b absolu sur un orifice de 1mm qu’à 6b absolu sur un orifice de 0,8mm. Débit nécessaire 15% plus faible et construction de la chaudière plus aisée (pression de service nettement plus basse).

• Conclusions :
Finalement, je comprends « un peu mieux » ces histoires de turbine ! Ce que perso j’en retiens :

- Une turbine est une solution mécaniquement très « élégante » comparée à un moteur pilon : Très peu de pièces en mouvement, pas de vilebrequin, pistons, bielles et biellettes. Relativement simple à fabriquer.

- Assez difficile à piloter tout au moins dans la version tuyère simplement convergente, la pression ne jouant pas directement sur la vitesse du jet.

- Mieux adaptée à un fonctionnement stable et continu au régime optimum qu’à une série de manœuvres, accélération, ralentissement et changement de marche. Il pourrait d’ailleurs être plus judicieux d’utiliser la turbine pour entraîner une génératrice et motoriser le bateau avec un moteur électrique…

- Demande un débit vapeur important. C’est probablement l’inconvénient majeur. Une chaudière « classique » deviendra vite « assez » pour ne pas dire « très » encombrante. Il faudrait plutôt se diriger vers des chaudières de type flash ou semi-flash.

- Il faudrait refaire ce genre de modélisation avec une tuyère convergente-divergente, tuyère qui permet de s’affranchir de la limitation sur la vitesse du jet : Plus la pression est importante et plus rapide est le jet. Ça devrait grandement améliorer les choses, la puissance pouvant alors être augmentée sans devoir augmenter le débit. Je vais laisser ça à notre spécialiste de la tuyère « de Laval », « JPA » !!!

• Et la suite ?
La turbine JMC qui a suscité cette étude répond en gros à toutes les contraintes géométriques évoquées. Quelques points peuvent toutefois être améliorés je pense. Il pourrait être intéressant de construire une turbine en tenant compte de toutes les contraintes géométriques développées dans cette étude et en s’assurant que la (les) tuyère(s) soit facilement interchangeable(s) pour faire une série de tests avec différents diamètres d’orifice et différents types…. A voir avec mes acolytes du Forum…. Je suis partant pour la partie dessin…

Comme d’habitude, corrections et compléments d’infos, plus que bienvenus…

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Mer 27 Sep - 8:59
Merci Rookie !
Voilà une belle explication qui nous en apprend plus sur le fonctionnement de la turbine et de la faible marge de manoeuvre pour en tirer le maximum !
Je reste convaincu que la vapeur instantanée est le mieux érable pour alimenter la turbine. Le problème (que je n'ai toujours résolu) , c'est la dimension/longueur maximum du tube de chauffe pour le maximum de production de vapeur avec un poids restreint !
Il y a probablement de quoi en tirer quelque chose à exploiter sur un bateau , mais ce que je crains dans cas , c'est la navigabilité. En effet , tant que la turbine lance le bateau en ligne droite, ca va filer ! Mais dès qu'il faudra virer de bord, ça risque de coincer.
Une coque planante ou genre "U" boat peut être ... ??
A suivre et à étudier !
De toutes façons , on n'a que ça a faire , surtout depuis que j'ai résolu le problème de la tondeuse de la voisine !Turbine à impact - Théorie 2321214765
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Dim 14 Avr - 18:55
Salut,

Un petit bout de temps que Ce sujet est à l' arrêt .... Mais pas abandonné!

Comme évoqué dans le dernier message, nous avons décidé de construire une turbine de test reprenant les contraintes géométriques soulevées durant l' étude théorique et permettant de tester quelques configurations différentes. En particulier:
• Un système de montage de la tuyère permettant de tester:
- Différents Øorifices
- Différents types (simplement divergente ou convergente/divergente)
- Différentes configurations: Distance et angle par rapport à l' aube
• Un profil d' enveloppe ajustable aux alentours des aubes pour évaluer l' influence du confinement du jet.
• L' évacuation de la vapeur usée
• La performance en MA/MAR.

Tout ça a quelque peu compliqué le design de la turbine mais voilà les plans sont faits. Quelques vues et détails:

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Le booklet de construction est en attente chez Philbobo... (Dans la longue queue de projets. Bientôt il va devoir embaucher! Shocked Very Happy Very Happy ).



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Lun 15 Avr - 8:22
Ca sera interessant à tester dans un bateau !
Mes précédentes expériences en la matière ont démontré qu'il fallait vraiment beaucoup de vapeur pour un résultat passable.
Par contre cette turbine sur table avec une chaudière adéquat , genre double Scott avec alimentation permanente devrait donner de bon résultats pour alimenter une centrale électrique !!
Qui s'y lance ?? .... comme disait Amstrong !
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Turbine à impact - Théorie Empty Re: Turbine à impact - Théorie

Lun 15 Avr - 16:43
The drawings are beautiful, I look forward to seeing the completed turbine running and to the results of these ambitious experiments, well done
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